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vestre, Brizeux, Luzel, Renan et les autres écrivains bretons et, même dans cette hypothèse, la communauté de leurs vues ne pouvait s’expliquer que par une sorte d’accord préétabli ou de phénomène d’hallucination collective. Dupes ou complices, telle était l’alternative cruelle où les plaçait M. Camille Vallaux, géographe plein de certitudes, qui, entre deux tournées de conférences anticléricales, vient de découvrir la « vraie » Bretagne [1].

Et je ne sais pas, d’ailleurs, pourquoi la Bretagne de M. Vallaux ne serait pas aussi « vraie » qu’une autre. Elle ne l’est pas davantage, voilà tout. Les livres de M. Vallaux valent mieux que ses lettres aux journaux : sa description physique de la Bretagne est excellente, très supérieure à celle de La Borderie. L’auteur, qui a du talent, de la méthode et du savoir, manque seulement de modestie. Les divergences qu’il signale dans le caractère breton, les contradictions mêmes qui font du « type moral et social armoricain » l’un des plus fuyants et des plus insaisissables qui soient, on les avait relevées avant lui, avec moins de rigueur scientifique assurément, sans ce déploiement de règles et de formules, mais aussi sans ce dogmatisme, ce ton suffisant et péremptoire ; on s’était gardé surtout d’étendre à toute la

  1. Lettre à M. Gaston Deschamps (Temps du 12 septembre 1909). Nous la donnons à l’Appendice. — Consulter de préférence la Basse-Bretagne, étude de géographie humaine, Paris, 1907.