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quelquefois sous Maupassant, ait un peu exagéré son horreur des « guides ». Il y a au moins un de ces « guides » qu’il connaissait, s’il ne le nomme pas : c’est Émile Souvestre, aux Derniers Bretons duquel il empruntera mot pour mot la traduction du Cantique de l’Enfer, dont il prétend avoir « écrit les paroles sous la dictée » d’un vieux prêtre de Plogoff.

Petite faiblesse, explicable peut-être par quelque confusion de notes ou des exigences de rédaction. Partout ailleurs, la sincérité de Maupassant, la spontanéité de son impression éclatent dans la franchise du récit, la précision du trait, la vigueur et la netteté des images. De tous les témoignages étrangers que nous sommes en droit d’invoquer à l’appui de l’interprétation traditionnelle du caractère breton, celui-ci est assurément le plus décisif en raison de la personnalité de l’auteur ou plutôt de son absence de personnalité, de son application à s’effacer devant les choses et à ne jamais sortir de l’attitude objective. Maupassant, pour employer une expression vulgaire, était un homme « à qui on ne la faisait pas ». Il s’est défini lui-même dans ce romancier Lamarthe « armé d’un œil qui cueillait les images et les gestes avec la précision d’un appareil photographique. » Quelle apparence qu’un œil si aiguisé et si sûr ait pu s’abuser au point de prendre pour la vraie Bretagne une Bretagne de convention ? Parler à son propos d’illusion d’optique devient bien difficile. Cela était assez hasardeux déjà pour Sou-