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perspicace et trop averti à la fois pour se laisser prendre aux artifices littéraires d’un Brizeux, d’un Souvestre, d’un La Villemarqué, d’un Violeau, d’un Féval, d’un Jules Simon, d’un Luzel, d’un Renan, d’un Quellien, allait-il estimer que tous les écrivains bretons s’étaient trompés et avaient trompé leurs lecteurs ? Protesterait-il contre leur interprétation de l’âme indigène ou lui donnerait-il son acquiescement ? En un mot comment nous apercevait-il ? Comment nous jugeait-il ?

On vient de le voir et que Maupassant, bien loin de s’inscrire en faux contre l’opinion courante sur la Bretagne et les Bretons, s’y associe pleinement. Peut-être même a-t-il marqué plus profondément qu’aucun de nos écrivains l’étroite corrélation où se tiennent chez nous l’homme et le sol. Les Bretons qu’il nous présente se distinguent à peine des mégalithes épars dans leurs landes et, en retour, les mégalithes lui semblent vivants : « Quand on les regarde longtemps, on les voit remuer, se pencher, vivre ! » Un peuple immobile, une nature agissante, voilà bien la Bretagne. Maupassant ne l’a pas dit expressément ; mais c’est la conclusion qui ressort de son étude.

Étude sincère, fidèle, encore que rapide. Je veux bien que le « Gascon du Nord[1] », qui perçait

  1. Expression de M. Chatel.