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parent de notre romancier ? Kerviler ne se prononce pas. Et lui-même se tait sur cet homonyme, dont il ignorait peut-être l’existence. Quoiqu’il en soit, peu de témoignages étrangers pouvaient être plus précieux à recueillir sur la Bretagne que celui de Maupassant. Un Coppée, un Theuriet, un Hérédia, un Vicaire, un Richepin, sont des poètes, des cerveaux faciles à suggestionner. Mais Maupassant ! Comment tromper cet analyste cruel et pénétrant, appliqué à rendre aussi exactement que possible les êtres et les choses, ne rêvant pas, n’épiloguant pas, ne moralisant pas, le plus pratique et le moins spéculatif des hommes, doué seulement, comme un de ses héros, de « deux sens très simples : une vision nette des formes et une intuition instinctive des dessous »?

Débarqué un matin à Vannes, il la quittait le jour même et tirait vers Sucinio : pour s’aventurer en terre bretonne, il n’avait voulu ni carte, ni guide ; sac au dos, le bâton à la main, il allait au hasard devant lui. Il se targuait de pénétrer en dix jours le « tempérament » d’un pays. Et il avait pour cela, en guise de talismans, deux règles de conduite dont il ne se départait point : 1o ne suivre jamais les grandes routes ; 2o coucher dans les plus pauvres auberges et, au besoin, dans les granges. C’est une façon de voyager dont ne s’accommoderaient guère, sur leur Panhard ou