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bien compréhensibles, devant la prose un peu libre de Maupassant. Toujours est-il que la série des « En Bretagne » s’arrêta brusquement au premier numéro. Maupassant rassembla ses laissés pour compte et les offrit à la Nouvelle Revue qui les publia en une fois. Les deux textes sont identiques pour la partie publiée dans le Gaulois et la Nouvelle Revue : il n’y eut donc point refonte et c’est le même manuscrit qui servit ici et là.

Ne disposant que d’un temps limité, Maupassant ne s’est pas attardé sur les lisières du pays qu’il voulait connaître. Il est allé tout de suite au cœur de la Bretagne, à Vannes, et, de là, par la côte, à Douarnenez. Je ne crois pas qu’en nous rendant visite, il cédât à un autre sentiment qu’au désir de voir par ses yeux une contrée fière, étrange, primitive, où son maître Flaubert l’avait devancé et à laquelle le rattachaient peut-être certaines ascendances lointaines. Il y eut, sous la Révolution, un Maupassant (Louis-César), député suppléant de la sénéchaussée de Nantes aux États-Généraux, puis député suppléant à la Convention et qui périt dans une émeute à Machecoul où il avait « été envoyé, dit Kerviler[1], afin d’organiser la résistance à l’insurrection ». Était-ce un

  1. Cf. Kerviler : Cent ans de représentation bretonne, Paris, 1889. — Ce Maupassant, né, d’ailleurs, à Saumur le 25 avril 1750, mort le 11 mars 1793, est qualifié « agriculteur à Nort » (Loire-Inférieure). Son portrait, appartenant à la collection Degabin, a été publié par Kerviler : « À sa mine altière, on dirait presque qu’il veut justifier son prénom de César. C’est la raideur personnifiée. »