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Il y eut de tout temps, chez l’auteur de ces lignes, une « fièvre d’espace », un besoin de libres aventures marines, qui était peut-être un legs des lointains vikings. Jamais Maupassant ne s’accommoda de la vie sédentaire. Quand il n’était encore qu’un simple rédacteur au ministère de l’Instruction publique, il se dépensait, les dimanches, en de folles parties de canotage à bord de sa yole la Feuille à l’envers, « n’ayant souci de rien que de ramer », dit-il lui-même, de briser ses muscles, de boire l’air à pleins poumons. Plus tard, le succès de ses premiers livres aidant, il put se permettre de véritables voyages : il parcourut à pied l’Auvergne, la Corse, la Suisse, la Bretagne.

C’est en 1882, je crois, qu’il aborda ce dernier pays. Les notes qu’il en rapporta étaient destinées au Gaulois. Le début seul y parut, dans le no du 16 juillet, sous le titre : En Bretagne, avec un « à suivre » dont la promesse ne fut pas tenue. Pourquoi cette interruption ? Je l’ignore. Mais il n’est pas téméraire de l’attribuer au changement d’orientation du Gaulois. Le lendemain même du jour où avait commencé la publication d’En Bretagne, soit le 17 juillet 1882, Jules Simon, directeur politique, passait la main à M. Arthur Meyer. Le nouveau directeur du Gaulois fit salle nette à son entrée en fonction, comme il est d’usage. Peut-être aussi éprouvait-il certains scrupules,