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purent emporter ; avec les archives du chartrier, si précieuses pour notre histoire bretonne, on fit des bourres et des enveloppes de gargousses. Vrai miracle que les murs aient été épargnés ! Par décision du 17 avril 1793, le directoire de Brest avait ordonné la démolition de Kerjean. L’ordre eût été exécuté, si l’excellente position stratégique du château et les ressources qu’il offrait à la défense, quand les esprits s’échauffaient dans les campagnes, n’avaient plaidé en sa faveur. C’est ainsi que Canclaux, en mars 93, pendant l’insurrection du Léon, prit Kerjean pour quartier général.

Vendu comme bien d’émigré et racheté par un dévoué serviteur des Coatanscour, M. Le Tersec, notaire à Lesneven et sénéchal de Kerjean, le domaine fut restitué par celui-ci, après la Révolution, à un petit-neveu de la marquise, Charles de Brilhac, officier au régiment du roi, des mains de qui il passa par mariage aux Forsanz et aux Coatgoureden. Je ne dirai pas, avec Pol de Courcy, que les derniers propriétaires de Kerjean « l’ont achevé » ; mais enfin il n’était que temps d’aviser et aucune acquisition n’était plus souhaitable que celle dont M. Dujardin-Beaumetz vient de prendre l’initiative. On prête à notre sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts l’intention de restaurer Kerjean[1] et d’y installer un musée

  1. M. Charles Chaussepied, architecte à Quimper, dont nous avons plusieurs fois cité l’excellente Notice au cours de cette étude, a exposé, en 1907, au Salon des Artistes français,