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fourni, en 1790, une somme de 4.500 livres à la « contribution patriotique », fut traduite devant le tribunal révolutionnaire de Brest après une détention de plusieurs mois dans les prisons du district[1], qu’elle ne perdit pas devant ses juges un pouce de son arrogance et que, condamnée à mort, malgré son grand âge (70 ans), elle périt sur l’échafaud le 27 juin 1704[2]. Le régime qu’elle symbolisait ne pouvait tomber plus fièrement.

Kerjean, veuf de ses hôtes, râlait pendant ce temps aux griffes de la racaille. Une nuée d’aigrefins et de maraudeurs s’était abattue sur cette riche proie : meubles, tentures, argenterie, vaisselle, ils brisèrent ou flambèrent tout ce qu’ils ne

  1. L’Histoire de Bretagne par une pauvre chercheuse de pain dit que, dès le 15 juillet 1791, le Directoire de Lesneven, poussé par la société des Amis de la Constitution, donna l’ordre au commandant de la garde nationale de Lesneven de se rendre, à la tête d’un détachement de 40 hommes, au château de Kerjean. Mais il semble qu’on se soit borné, cette première fois, à une simple perquisition. La marquise avait eu le temps, d’ailleurs, avec le concours du concierge Paulin, de cacher ses objets les plus précieux. Ils furent déterrés peu après par Douzé-Verteuil, qui s’empara de l’argenterie.
  2. On exécuta en même temps qu’elle sa sœur Anne-Marie. D’après l’Histoire de Bretagne par une pauvre chercheuse de pain, M. Le Tersec, notaire à Lesneven et sénéchal de Kerjean, qui avait plus d’une fois exposé sa vie pour sauver ces dames, avait réussi à pénétrer jusqu’à elles au château de Brest, pour les faire évader, mais elles refusèrent. Le comité de Sûreté Générale, au mois d’octobre suivant, après la dissolution du tribunal révolutionnaire de Brest, ordonnait leur élargissement. Le malheur est qu’on les avait déjà « raccourcies ».