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tanscour[1]. Deux enfants, un garçon et une fille, naquirent de cette union tardive et n’eurent qu’une courte fleur de vie. Kersauzon-Coatanscour mourut lui-même en 1767, à l’âge de cinquante et un ans. La marquise de Coatanscour continua d’habiter Kerjean avec sa sœur Anne-Marie, veuve d’un Launay de l’Estang, baron du Saint-Empire. Elle tenait son château sur le pied de guerre, comme au moyen-âge, les coulevrines et les bombardes chargées, les herses baissées, les pont-levis « exhaussés » chaque soir au son de la cloche et les clefs de la place déposées en grand arroi « sous » son chevet[2]. Les continuateurs d’Ogée rapportent d’elle, d’après Kerdanet, des

  1. Ce Kersauzon-Coatanscour fut, avec Kerguézec, l’un des plus acharnés adversaires du pouvoir royal aux États de Bretagne. Il « était, dit M. de La Lande Calan, le chef des intransigeants, l’adversaire intraitable de toute conciliation. » Son intervention fut particulièrement décisive aux États de 1762 où il fit refuser aux commissaires royaux la demande du sol par livre et tint vigoureusement tête au duc d’Aiguillon en se basant sur le contrat de mariage d’Anne de Bretagne, d’après lequel on ne pouvait lever d’impôts en Bretagne sans le consentement des trois ordres. La noblesse l’élut à cette session pour son président.
  2. « On observait en outre, dans le château, l’étiquette et le cérémonial qui rappelaient les premiers âges de la féodalité. Dans les repas, la marquise, placée au haut bout de la table, assignait aux convives les rangs dans la juste mesure du mérite qu’elle leur supposait : les marquis et les comtes ses parents, puis les chevaliers, occupaient les postes d’honneur et, par gradations insensibles, la ligne descendait jusqu’à la roture, qui commençait par le procureur fiscal et finissait par le chapelain. » (Keratry : le Dernier des Beaumanoir.)