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dans l’espoir de « le faire condamner à mort pour infraction de son ban. » Vainement, au décès de sa mère, argua-t-il près des tribunaux que, d’après la coutume de Bretagne, le bannissement n’entraîne pas la mort civile et ne prive pas le banni de son patrimoine et de l’aptitude à recevoir un héritage[1] : le château de Kerjean, ses dépendances, ses revenus, passèrent à la dame de Coatanscour. Joseph n’obtint qu’une dérisoire pension de 2.500 livres. Il vivait encore en 1715. Presque octogénaire, « sans secours, sans crédit », il adressait au roi, cette année-là, d’Avignon, une supplique lamentable : il y affirmait le sincère repentir de ses fautes, retirait toutes les accusations qu’il avait portées contre sa femme, lesquelles, disait-il, étaient la suite « de quelques méchants conseils, pendant qu’une longue prison lui ôtait la liberté du corps et celle de l’esprit » et terminait en implorant la clémence royale. La supplique fut écoutée et Joseph obtint des Lettres de rémission qui révoquaient l’arrêt de 1682 et restituaient le suppliant « dans sa bonne fâme et renommée, honneurs, dignitez et privilèges, et dans tous ses biens non d’ailleurs confisquez, droits et actions, pour en jouir et les exercer comme si le dit arrêt n’était pas intervenu. »

Il est toutefois fort probable que ces Lettres, au moins en ce qui concerne la clause récupérative

  1. Voir à l’Appendice le résumé du factum concernant cette nouvelle affaire.