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de sa mère, et enfermé au Petit-Châtelet de Paris, puis à la Conciergerie du Palais. C’est seulement pendant sa détention qu’il apprit, si on l’en croit, les débordements de sa femme, dont il était séparé depuis plus de vingt ans[1], et c’est du Châtelet qu’il adressa requête au lieutenant criminel pour obtenir permission d’informer contre elle (25 juillet 1681).

On sait l’accueil que ménagèrent les juges à cette requête, renouvelée avec un égal succès le 2 mars 1682. Banni du royaume, dépouillé de son patrimoine, abandonné de ses parents, dont certains, qui convoitaient son héritage, avaient lié partie avec la Laubardemont, le triste sire se retira dans le Comtat Venaissin et entre temps, pour n’en pas perdre l’habitude, fit quelques années de prison au château de Pierre-Encise, près Lyon. Après sa femme, peut-être n’eut-il pas d’ennemi plus acharné à sa perte qu’Euphrasie Barbier, dame de Coatanscour, sa « niepce cruelle », qui, à défaut d’héritier direct, était appelée à lui succéder dans ses biens et qui mit tout en œuvre, d’après Missirien, pour entrer plus tôt en leur possession[2]. Joseph, non sans quelque fondement, l’accuse de l’avoir dénoncé et fait arrêter en 1689 à Paris, où elle l’avait attiré

  1. La séparation, prononcée à la requête de Marie de Laubardemont, est du 12 juin 1661.
  2. Missirien dit en propres termes qu’elle « aida » la Laubardemont dans ses manœuvres contre le marquis.