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tentative de meurtre sur la personne de Jérôme Le Dall (fils de Hamon ?). L’attentat, qui se place vers 1680, eut pour théâtre Plouescat, où Jérôme s’était rendu sans doute pour son commerce, un jour de foire ou de « pardon. » S’il ne s’agit pas d’un guet-apens, ce dut être à tout le moins une de ces violentes bagarres entre gentilshommes et manants, feutres à plumes contre calaboussen, épées contre penn-baz, comme nous en peignent les gwerziou de Luzel. Nombre de seigneurs bretons ressuscitaient en plein XVIIe siècle les mœurs de la féodalité. Et le fait est que l’abbé de Penanprat, qui « a laissé un armoriai et nobiliaire manuscrit où il épargne peu les grandes familles bretonnes »[1], dit expressément que le marquis de Kerjean « se tenoit bloqué dans son château, où il exerçait la tyrannie, avec les marquis de Maillé et Locmaria du Guerrand[2]. » De ces aires féodales, nos brigandeaux se lançaient sur les manants qui avaient le mauvais heur de leur déplaire, raflaient les jolies pennerez et ne se gênaient pas au besoin pour détrousser les marchands.

Ils se flattaient d’une impunité que la justice royale n’était pas toujours disposée à leur accorder, Joseph Barbier en fit l’expérience. Ecroué dans les prisons de Quimper-Corentin, d’où il s’évada par effraction, et condamné à 10.000 livres d’amende, il était repris peu après, peut-être à l’instigation

  1. Communication de M. Le Guennec.
  2. Voir sur ce dernier nos Passions celtes : le Marquis rouge.