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bardemont « lui ayant remontré que les sollicitations des femmes estoient toujours puissantes et qu’il seroit plus à propos de lui laisser faire ce voyage », il change d’avis et, après lui avoir fait « compagnie pendant deux journées et s’être donné bien des témoignages d’une amitié réciproque », il l’expédie à sa place, munie d’une procuration en règle, sous l’escorte de trois valets, Laguillette, Vendosme et Laburthe, dit « père Michelet ».

Un vrai trio de coquins, selon le jeune marquis. Encore s’explique-t-on mal qu’à leur suggestion Marie de Laubardemont, qui avait tout intérêt à demeurer marquise de Tromelin, au lieu de s’arrêter à Rennes pour défendre la validité de son mariage, ait brûlé l’étape et s’en soit courue d’une traite à Paris où elle commença de mener, au témoignage du bon Missirien, « la vie la plus scandaleuse. » Tout n’est donc point mensonge dans les accusations si précises portées contre elle par son mari et qui la représentent comme s’étant faite « la dame des plaisirs de M. le Grand Maistre[1] » et tenant commerce public de galanterie au Palais-Royal, puis rue des Tournelles et, en dernier lieu, dans le quartier de l’Arsenal. Son appartement « estoit un lieu de débauche, où tout le monde estoit bien venu… Elle estoit propre à tout faire ; elle payoit de sa personne ou de la personne de quelqu’autre : les Amans n’avoient qu’à choisir. » Après avoir été « entre-

  1. Le duc du Lude, grand-maître de l’Arsenal.