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Joseph avec une demoiselle Marie Martin de Laubardemont (contrat signé le 27 mars 1654, ban unique le dimanche 29, mariage le 31), laquelle n’avait ni sou ni maille[1] et ne pouvait donc être qu’une charge pour son mari, si le vieux marquis ne s’était engagé à servir aux conjoints une rente de 6.000 livres et à les entretenir, « eux et leur train », au château de Kerjean.

L’engagement lui pesa-t-il à la longue ? Marie de Laubardemont se montra-t-elle une bru revêche ? Sa conduite prêtait-elle à la critique déjà ? Ou fut-ce seulement de n’avoir pas donné d’héritiers à son mari qui indisposa son beau-père contre elle ? Toujours est-il que le vieux marquis ne tarda pas à se repentir de « ce qu’il avoit fait par dépit et colère. » Avec autant de passion qu’il avait mis à conclure le mariage de son fils, le voilà qui en réclame la cassation, soutenant qu’il était nul, puisqu’il avait été contracté en violation des arrêts du Parlement et dans des formes illégales. Le jeune marquis, qu’on n’a pas consulté, se refuse, « soit par honneur ou inclination », à se séparer de sa femme. Et même, apprenant que son père et sa mère poursuivent « chaudement » au Parlement de Bretagne l’annulation de son mariage, il décide de se rendre à Rennes pour « empescher la surprinse » ; mais, Marie de Lau-

  1. Il serait intéressant de savoir si un lien de parenté quelconque rattachait cette Laubardemont au trop célèbre magistrat à la dévotion de Richelieu, mort l’année précédente.