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avec les curateurs de son mari, qui, étant de son choix, lui étaient entièrement dévoués[1]. » Le vainqueur du havre de Sein trouva sans doute que la reconnaissance officielle se manifestait d’étrange façon à son endroit et, ne pouvant s’en prendre au roi lui-même, il s’en prit à celle que, non sans raison, il rendait responsable de sa disgrâce. Je n’ai pu savoir exactement ce qu’il tenta contre elle, mais le traitement qu’il lui infligea dut être assez rude et mettre la vie de la dame de Mezarnou en danger, puisqu’à la suite de deux procès-verbaux du grand prévôt un arrêt du Parlement de Bretagne en date du 2 mai 1653 condamna par contumace le marquis à la peine de mort et à la confiscation de ses biens meubles. Cette double condamnation semble avoir été de pure forme d’ailleurs : on dut craindre d’affronter le sanglier dans sa bauge. Non seulement le marquis n’eut pas « la tête tranchée », comme le portait l’arrêt, mais on ne l’inquiéta même pas et il put jouir de son patrimoine, tant mobilier qu’immobilier,

  1. À la vérité, l’arrêt laissait au marquis la jouissance pleine et entière de ses biens, mais portait qu’il ne pourrait les vendre, aliéner ou engager sans le consentement de quatre parents du côté paternel et de quatre parents du côté maternel. L’un de ces curateurs était Jean de Lannion, sieur des Aubrays (le fameux Lézobré des légendes bretonnes), qui avait épousé Mauricette Barbier, fille du premier René et de Françoise de Quélen, et qui était donc le beau-frère de René II. Il est cité dans une des rares pièces concernant la famille Barbier qui se trouvent aux archives du Parlement de Bretagne (Série B. — Extrait des registres d’audience de Grand-Chambre. Arrêt du 21 nov. 1647).