Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

neur, pour passer outre à la loi et dilapider ses biens de la manière la plus folle. Son excuse est qu’elle trouvait en René un mari taillé sur son propre patron, dont elle prit avantage pour lui rendre la monnaie de sa pièce et le faire interdire à son tour. L’extraordinaire ménage que celui de ces deux bourreaux d’argent ! « Nés l’un et l’autre avec un caractère emporté et violent, dit Missirien, ils possédaient des biens considérables (33.000 livres de rente) et néanmoins ils contractaient des dettes immenses. » À quelles fins ? Pour quelles satisfactions de luxe, de toilettes ou de débauches ? Il n’importe. Mais il serait plus intéressant de connaître l’origine de ces « dettes immenses. » La plus considérable fut contractée envers un certain Hamon Le Dall, sieur de Feunteuméan, marchand de draps à Landerneau, dont la créance, avec intérêts accumulés, finit par monter à 150.000 livres. Il est fort possible que René Barbier et Hamon Le Dall aient fait de concert le négoce et peut-être la contrebande : ainsi s’expliquerait la découverte récente d’une réserve de draps dans un caveau de Kerjean. Et, si ce commerce illicite n’est point prouvé, il est assuré du moins que René arma en course et obtint commission du « roy d’Angleterre (Charles Ier) pour faire la guerre aux parlementaires », qu’avec un « grand vaisseau » et une « patache », il tint la mer et donna la chasse aux « pirates », qu’il gagna même sur neuf de ceux-ci, dans le havre de Sein, la semaine de Pâques 1648, une vraie « petite