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fond, ils ne firent aucune difficulté pour reconnaître qu’ils avaient perdu leur pari.

— Ce n’est point assez, dit Françoise, et il faut encore que vous me rendiez les gages que je vous avais livrés.

À ces mots, une vive rougeur se peignit sur le visage des quatre muguets,

— Les auriez-vous égarés, continua Françoise d’une voix irritée, et si c’est tout le cas que vous faisiez de mes dons ?

— Calmez-vous, mon cœur, dit René. Je les ai sur moi.

— Ô mon cher seigneur, dit Françoise, je le savais… Si j’ai montré tant de complaisance pour vos amis, c’est que je me doutais bien du chemin qu’allaient prendre mes gages : leur fatuité ne se fût point accommodée de les garder pour eux et il fallait qu’ils en donnassent le régal à toute la Cour. Mais il me plaisait qu’en agissant ainsi ils se fissent, sans le savoir, les truchements de ma tendresse pour vous, car j’étais certaine que c’était à vous qu’iraient en fin de compte mon ruban, mon épingle, mes cheveux et ma bague… Pour celle-ci, dont il me coûtait le plus de me séparer, je ne m’y décidai qu’en pensant que sa vue hâterait peut-être votre retour. Béni soit Dieu : je ne m’étais pas trompée.


L’histoire ajoute que le bruit d’une si belle défense se répandit bien vite dans le monde et accrut encore le renom de sagesse des dames bretonnes.