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tout, comme ils parlent une langue sans expansion et sans avenir, l’ignorance et la routine persistent chez eux plus qu’ailleurs… Mais dès qu’ils savent, il n’y a pas de plus madrés qu’eux, pas de plus retors en affaires… Il faut aller, pour le voir, chez les éleveurs de chevaux du Léon et chez les maraîchers de Roscofif ou de Plougastel ou chez les éleveurs de bestiaux de Carhaix. Grâce à ceux-là et à beaucoup d’autres, la Bretagne regagne le temps perdu[1].

« Le rêve ? Le mysticisme ?… Voir le curieux travail d’Austin de Croze, la Bretagne païenne, 1900[2].

« Délicatesse morale, timidité en rapport avec l’isolement linguistique de la race ? Oui, cet isolement linguistique rend les Bas-Bretons passablement renfermés et taciturnes vis-à-vis de tout ce qui n’est pas Breton. Mais, d’abord, il diminue vite, cet isolement ! On peut affirmer que la très grande majorité des quinze cent mille habitants de la Basse-Bretagne est aujourd’hui bilingue, française et bretonnante — française pour toutes les relations économiques et administratives, bretonnante pour les relations familiales. Au reste, les mœurs ne sont point délicates[3] : elles sont comme chez tous les paysans et chez tous les marins… Il n’y a pas lieu d’en vouloir aux Bas-Bretons, puisque telle est partout en France la tenue morale des gens qui vivent près de la terre.

« Quant à l’amour du sol natal, je ne nie point qu’il

  1. Mais Cambry, Souvestre, Baudrillart, dix autres avaient noté cela. Le type paysan, le type marin, le type commerçant, etc., ont partout les mêmes traits généraux. Mais ils ont en outre, dans chaque pays, des traits particuliers, dont M. Vallaux ne tient pas compte pour la Bretagne.
  2. En vérité, M. Austin de Croze est-il une référence à laquelle on puisse renvoyer sérieusement ?
  3. Comment M. Vallaux a-t-il pu le savoir, puisqu’il ignore le breton, seul usité, reconnaît-il, « pour les relations familiales » ?