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Cette requête n’eut sans doute pas de succès, puisque le marquis ne put hériter et que le château de Kerjean et dépendances passèrent à la dame de Coatanscour. Joseph n’obtint qu’une pension de 2.500 livres. On ignore si, après sa réhabilitation en 1715, il essaya de rentrer en possession des biens que sa nièce lui avait soustraits. Il est plus probable qu’un arrangement secret intervint et que la renonciation du marquis fut le prix dont il paya sa grâce.


III. — Voici les principaux passages de la lettre de M. Camille Vallaux (2 septembre 1909), à laquelle il est fait allusion plus haut :

« Depuis Brizeux s’est peu à peu cristallisée dans la littérature française une idée du type moral et social armoricain, qui est tout de convention. Personne n’a réagi, pas même Renan. Chacun, de Souvestre à Le Braz, a ajouté quelque chose au type dessiné par Brizeux, mais ce quelque chose était toujours en rapport avec un certain idéal fixé une fois pour toutes.

« Je ne crois pas me tromper en résumant les traits essentiels du type littéraire breton de la manière suivante : inaptitude pratique, — tendance au rêve imprécis et, dans certains cas, à une sorte de mysticisme exalté, — conscience très vive du passé, — délicatesse morale, « quant à soi » un peu ombrageux, en rapport avec l’isolement linguistique de la race, — amour extrêmement vif du sol natal, grande difficulté de déracinement et en même temps (je ne sais pas comment concilier le tout, mais ce n’est pas mon affaire), aspiration vers les horizons lointains, goût des longs voyages et des randonnées aventureuses…

« De l’inaptitude pratique chez les Bretons » ? Oui, tant qu’ils sont ignorants, ils sont routiniers. Et, comme la terre leur est dure, comme ils sont loin de