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s’agit bien réellement de la Laubardemont, puisque ce La Chapelle était son valet de chambre.

Dans la discussion que le marquis institue des dépositions de trois autres témoins, il cite les dires de l’un d’eux qui a été chez la Laubardemont, y a déjeuné avec ce même La Chapelle et y a vu des filles danser « toutes nues » ; d’un autre qui rapporte que la Laubardemont a été chassée de l’Arsenal, où elle avait vécu douze ans, par la duchesse du Lude ; d’un autre qui dépose avoir été domestique chez la Laubardemont et avoir remarqué qu’elle se conduisait mal, que La Chapelle était son confident, qu’elle était entretenue par le duc du Lude, dont « elle recevait de bons présens », qu’une petite fille vivant avec elle « étoit libre et hardie en paroles sales et deshonnêtes « et qu’elle se targuait publiquement de pouvoir se défaire quand elle voudrait du marquis de Kerjean, son mari, etc…

Quant aux témoins Horné et Le Maire, qui n’avaient pas voulu se rétracter, on leur offrit de l’argent ainsi qu’à leurs femmes, on les menaça, on tenta même de faire « enrôler » Le Maire pour se débarrasser de lui. La Laubardemont leur avait dépêché trois de ses valets, La Burthe, La Chapelle et Chocquet. Horné ayant persisté à la confrontation, le lieutenant-criminel le décréta de prise de corps ; cela effraya Le Maire, qui crut prudent de se rétracter complètement pour éviter le même sort : il n’en fut pas moins arrêté comme l’autre et on leur commença leur procès à tous deux pour faux témoignage, mais en leur donnant à croire qu’on ne le faisait que « pour garder les dehors » et pour arriver à bout de se défaire, par ce moyen, du marquis de Kerjean. Ils tombèrent dans le panneau et reconnurent dès lors tout ce qu’on voulait, notamment qu’ils avaient été voir le suppliant au Châtelet et qu’ils s’étaient entendus avec lui pour faire une fausse déposition…