Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/412

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il assistera devant Nostre Dame à l’amende honorable, puis [sera] banny à perpétuité hors du Royaume, ses biens confisquez, etc. »

Tout étourdi encore de cette « catastrophe », qui le surprenait d’autant plus « qu’il attendoit avec toute confiance la protection de la justice » et que « les prostitutions honteuses de la dame de Laubardemont l’avoient rendu la fable et la risée du monde », Joseph en appela des juges du Châtelet à ceux de la Chambre des Tournelles du Parlement de Paris. Le factum, qui est un réquisitoire en règle contre les machinations du lieutenant-criminel, reprend une par une les dépositions des témoins et en cite deux particulièrement graves et qui n’ont point été controuvées : celles de demoiselle Catherine Guesdon et de son mari Michel Sauvage, qui déclarent que la dame de Laubardemont était en très mauvaise réputation dans le quartier de l’Arsenal, que sa maison était le rendez-vous des libertins, qu’elle servait d’entremetteuse au grand-maître, qu’elle avait auprès d’elle la nommée Faverolle, fille de débauche, etc…

Deux autres témoins, J.-B. Moreau et femme, après avoir déposé de faits identiques, se sont rétractés ensuite à l’instigation des dames de Montlévrier et de Vaubrun, dont ils avaient été domestiques et que la Laubardemont, accompagnée de M. le duc de Foye et de la dame de Roussereau, était parvenue à mettre dans son jeu. Ces témoins disent que, dans leur première déposition, ils n’ont pas entendu parler de la Laubardemont, mais d’une autre dame « à peine âgée de 20 ans… qui vient au Chastelet voir le Suppliant et qui se fait appeler la marquise de Querjan ». Le marquis n’en nie pas l’existence, ce qui prouve que, de son côté, il ne dédaignait pas les consolations, mais il trouve dans le fait d’entendre ces témoins parler « des douces nuits » qu’un nommé La Chapelle se vantait de passer avec la dame de Kerjean la preuve qu’il