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il les prit pour un conte, pour une pièce que la Dame sa mère luy faisoit, dont il se plaignit au concierge du petit Chastelet. Mais Parisy, c’est le nom du concierge, dit que ce n’estoit point un conte, que c’estoit une vérité, que le Maistre de l’Epée Royalle de Saint-Denis, qui est son amy, lui avoit dit qu’elle estoit la Dame des plaisirs de Monsieur le Grand-Maistre, que son compère Moreau et sa femme lui avoient confirmé cette vérité, qu’ils luy avoient dit que ce n’estoit pas la première galanterie, qu’avant de se divertir avec Monsieur le Grand-Maistre elle avoit esté à l’abbé de Parabelle et au sieur de Grandmont, que sa maison estoit un lieu de débauche, où tout le monde estoit bienvenu ; que sa plus sérieuse occupation estoit de débaucher des jeunes filles et de mettre leur pudeur à l’encan, et bien d’autres jolies choses, dont il seroit instruit à loisir… »

Quelque temps plus tard, une nommée la Plessy, qui connaissait le marquis « pour lui avoir vendu quelques petites curiositez », le vint voir et lui raconta un autre trait de sa femme : les nommés Horné, maître tourneur, et Le Maire, maître teinturier, étant entrés un matin dans la chambre de cette dame pour y rapporter des meubles, l’avaient trouvée couchée avec un homme et, « sur les chaises, un justaucorps, une culotte et un chapeau… »

Pour « arrêter le cours de tant d’emportement », le marquis présenta requête, le 20 juillet 1681, au lieutenant-criminel du Châtelet Dessita et demanda permission d’informer des excès de sa femme. Divers témoins déposèrent des « effronteries et dissolutions de la dame de Laubardemont », mais on n’en put entendre que six en tout ; « les menaces le crédit, l’autorité, empêchèrent les autres de satisfaire à l’assignation qui leur avoit été donnée pour venir déposer ». Telle quelle, cette information était suffisante pour faire déclarer la Laubardemont convaincue du crime