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avec son mari et « se mit dans le grand monde, où elle ne fut pas longtemps sans faire plaisir à qui voulut la recevoir. Ses galanteries la rendirent bien-tost célèbre ». Le marquis était retourné en Bretagne pour tâcher de relever les affaires de sa maison. Il y dut demeurer fort longtemps. Ici se place l’attentat contre Jérôme Le Dall (1679 ?). Condamné à 10.000 livres d’amende (ailleurs il est dit 15.000) en raison de cette tentative de meurtre, Joseph fut arrêté et enfermé dans les prisons de Quimper-Corentin, d’où il s’évada avec effraction. Repris, on l’enferma au Petit-Châtelet de Paris, puis à la Conciergerie du Palais.

C’est seulement en 1681, pendant son séjour au Châtelet, où, à l’en croire, sa mère le « retenait prisonnier depuis environ deux années », qu’il connut les débordements de la Laubardemont, jusque-là ignorés de lui. « Tout le monde sçavoit ses infamies ; le Suppliant seul les ignoroit, et peut-être qu’il la croyroit encor fidelle, sans l’interrogatoire que la dame marquise de Querjan mère fit prester au Suppliant au sujet de son mariage, que toujours elle vouloit faire déclarer abusif. Car, après luy avoir demandé s’il n’estoit pas vray que ce mariage a esté fait par cabale et par mauvaise voye, elle luy demanda s’il n’est pas vray que la Dame de Laubardemont, après sa belle esquipée de Bretagne à Paris, a mené une vie honteuse et pleine d’ordure ; s’il n’est pas vray qu’après avoir esté entretenue par un mousquetaire et par le nommé Duval, elle avoit passé entre les bras du sieur de Grandmont, avec qui elle demeuroit actuellement… Jamais surprise, continue le factum, ne fut pareille à celle du Suppliant : à la vérité, il connaissoit la Dame de Laubardemont pour une femme d’une humeur altière, d’un esprit léger et inconstant, mais il ne l’avoit jamais soupçonnée d’infidélité : puis, croyant les faits trop forts pour estre véritables,