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domestique s’appellent également des jars… C’est sur cette homonymie que joue le drôle, glissa M. Lefur à l’Inspecteur.

— Ma foi, Monsieur le Principal, repartit M. l’Inspecteur, qui ne se sentait plus la force de continuer un pareil interrogatoire, je donne ma langue aux chats et je commence à soupçonner quelque imbroglio dans tout ceci. Peut-être serait-il bon de retourner au poulailler.

— Croyez-vous ? Hum ! Je connais mon Bobinet et j’ai plutôt idée qu’il cherche à nous faire prendre le change… ou que les intimidations de M. Lespérut ont produit leur effet.

— Il en coûte peu de se renseigner, dit M. l’Inspecteur.

— Soit, dit obséquieusement M. Lefur, qui se leva pour appeler Rosalie.

Mais il n’était pas à la porte qu’un grand tumulte emplit le corridor. Madame Lefur et Rosalie accouraient à grand fracas et, parmi les « Mon Dieu ! et les « Jésus ! si c’est possible ! » de Madame la Principale, on distinguait le fausset aigu de la servante déchirant l’air de son éternel refrain :

— L’est sorcier ! L’est sorcier ! Y a pas !…

M. le Principal recula, troublé par cette invasion subite des deux femmes et n’en démêlant pas la raison. Pourtant, au poing de Rosalie, un grand corps blanc et gris se débattait, sifflait, jappait, faisait le diable à quatre.

— Le jars ! émirent en même temps les trois