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étaient les intentions véritables de ces seigneurs.

— Elles n’étaient que trop claires et une honnête femme ne s’y fût point trompée un instant !

— Pardonnez-moi : seule et sans expérience, je n’osais m’en fier à mon jugement. Quand M. de Bombelles eut son ruban, il me pressa de lui donner autre chose…

— Autre chose ! Un rendez-vous, peut-être ?

— Précisément. Toujours par crainte de vous désobliger, j’y consentis. Mon choix s’était porté sur l’une des petites chambres de l’ancien corps de garde dont on a fait une tisserie. C’est l’endroit le plus retiré du château. Les chambres, vous le savez, communiquent à la fois avec la tisserie et avec la cour intérieure. Je remis la clef d’un de ces petits retraits à M. de Bombelles et le priai de m’attendre à la brune…

— Grand Dieu !

— Et M. de Saint-Phar, huit jours après, quand il tint son épingle, en agit exactement comme M. de Bombelles : sur quoi je lui remis la clef du retrait voisin. M. de Bruc, un peu plus tard, eut aussi la sienne et presque aussitôt M. de Belz qui s’était montré le plus pressant des quatre…

— Suis-je assez puni de ma confiance, s’écria René avec désespoir, et peut-on rêver disgrâce plus complète !… Ah ! traîtresse qui m’accablais de protestations quand je partis et qui voulais que tout ton temps se passât en oraisons et à filer ou carder l’étoupe ! Ce n’est pas de ce balin-là que les pauvres garniront leurs lits cet hiver. Mais le peu