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Il ne restait plus à entendre que Bobinet. Le coquin n’avait pas remis les pieds au collège depuis la classe du samedi soir. Cette absence même était un aveu, pour le moins une présomption de culpabilité. Et cependant, prévenu sans doute par le rapport du principal et l’attitude légèrement ambiguë de Prosper, on eût dit que M. l’Inspecteur opinait intérieurement dans le sens de l’administration et n’était pas loin de considérer notre malheureux maître pour le complice de Bobinet, sinon pour l’instigateur même de son larcin.

Ce fut donc une minute émouvante que celle où le chenapan, sur le coup de cinq heures du soir, fit son entrée aux chandelles dans le cabinet de M. le Principal transformé pour la circonstance en cabinet de juge d’instruction. D’où sortait-il ? Kermaho, qui avait été le relancer chez ses parents, ne l’y avait pas trouvé. Il était sale, couvert de boue, comme s’il s’était vautré sur le sol pour faire le guet dans quelque prairie. Les béquilles de Prosper frémirent à ses côtés quand il entra et la présence de M. l’Inspecteur les empêcha seule, j’imagine, de courir sus au bandit qui leur valait le déshonneur public de cette comparution.

— Approchez, jeune Bobinet, dit M. l’Inspecteur, et tirez votre casquette.

— Hi ! hi ! hi ! gémit Bobinet.

— Bobinet, vous êtes accusé d’avoir lapidé un jars samedi soir dans la cour de récréation du collège. Est-ce vrai ?