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Nunc vino pellite curas ;
Cras ingens iterabimur œquor

Œquor n’était pas ici une simple image, et c’était bien sur une mer agitée et féconde en tempêtes qu’était embarqué Prosper. À l’issue de sa classe du lundi soir, Kermaho vint lui dire que M. l’Inspecteur d’Académie l’attendait dans le cabinet de M. le Principal. Nous fûmes invités par la même occasion à nous tenir aux ordres de M. l’Inspecteur.

L’horizon décidément se gâtait. Dans le cabinet où fut introduit Prosper, M. l’Inspecteur prenait des notes, posait de brèves questions et, de temps à autre, consultait M. Lefur qui assistait à l’enquête. Cet inspecteur était homme d’esprit, mais il était aussi fonctionnaire et savait ce qu’un fonctionnaire doit à la gravité de ses fonctions. C’est pourquoi, bien que l’affaire lui semblât beaucoup plus bouffonne que tragique, il ne laissait rien paraître de ses sentiments et tâchait de se composer un masque de solennité qui trompât l’assistance.

Il y réussit assez bien pour commencer. Prosper, mis en demeure de s’expliquer, rejeta tous les torts sur Bobinet. Rosalie comparut ensuite, fit trois signes de croix et fondit en larmes dans son tablier. On n’en put tirer davantage et il fallut la renvoyer à ses fourneaux. Introduits à notre tour devant M. l’Inspecteur, nous déposâmes de manière à ne pas charger notre camarade, tout en dégageant de notre mieux l’excellent Prosper.