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sons voisines du collège, le jars n’avait été signalé.

À cinq heures de l’après-midi, le dimanche, Madame la Principale perdit tout espoir et, laissant Rosalie à ses larmes et à la préparation de la soupe des internes, qui ne fut jamais si amère, elle monta s’habiller pour se rendre au dîner des Lespérut…

— M. Lefur, dit-elle à son mari, quand celui-ci la vint prendre, vous auriez mieux fait de ne point insister. J’ai l’estomac retourné ; je sens que je ne pourrai faire honneur au dîner des Lespérut.

Madame Prosper, en dépit des recommandations du principal, avait cependant mis pour ses invités les petits plats dans les grands. Toutes ses pauvres économies de l’année y avaient passé : elle avait été jusqu’à louer les services d’une vieille bonne à la retraite, Jacqueline Le Vot, qui s’employait encore comme extra dans les ménages de la localité. Et elle avait sorti de l’armoire sa plus belle robe et son châle à ramages, du vaisselier ses assiettes et ses plats les moins écornés.

La pièce, lavée à grande eau, les meubles luisants de propreté, les cuivres astiqués au tripoli, ne donnaient peut-être pas une impression d’opulence ; rien n’y rappelait à Prosper le luxe persique — persicos apparatus, — mais plutôt cette honnête médiocrité chère au poète de Venouse. Il n’était pas jusqu’au bouquet de mariée d’Hortense qui, convenablement épousseté, n’eût pris sous son globe un air de renouveau ; avec ses boutons