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Elle descendit aussitôt de sa chambre et arriva dans le vestibule comme René y pénétrait au milieu des bonds et des abois de ses lévriers.

Le premier mouvement de M. de Kerjean, en retrouvant sa femme vivante, fut de se jeter dans les bras qu’elle lui ouvrait. Mais, réfléchissant qu’il n’évitait un malheur que pour tomber dans un autre et que le ciel ne lui rendait Françoise qu’en y mettant comme condition la perte de son honneur, il écarta la perfide et lui demanda si elle était assez folle pour croire qu’il pouvait encore l’aimer.

— Que voulez-vous dire, mon cher seigneur ? s’enquit Françoise.

— Osez-vous le demander, coquine, et ne vous souvenez-vous plus des cadeaux que vous avez faits à Bombelles, à Bruc, à Saint-Phar et à Belz ?

— N’étaient-ce donc point vos amis, dit Françoise, et les lettres qu’ils m’ont présentées de votre part seraient-elles supposées ? Vous m’y mandiez de faire bon accueil à ces quatre seigneurs et de ne leur rien refuser que l’honnêteté permit de leur accorder.

— Et depuis quand l’honnêteté permet-elle d’accorder aux galants des épingles, des rubans, des boucles de cheveux et des bagues ?

— C’est aussi la question que je me suis posée, dit Françoise. Mais, craignant de vous désobliger, j’ai voulu pousser jusqu’à la limite des concessions que je croyais permises, afin de voir quelles