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s’était assis dessus. Hortense réparait de son mieux l’accident, et le pétase survivait à ses avanies.

— Tâche au moins, glissa la pauvre femme, de ménager ton gibus. Tu n’as que lui, Prosper.

— Bon ! Bon ! dit Prosper qui referma la porte d’un coup de béquille et disparut dans l’escalier…

Quelques minutes plus tard, il franchissait la grille du collège où son arrivée, dans ce costume de cérémonie, jeta un moment le trouble dans nos rangs.

Volontiers, à la sortie de la classe du soir, nous nous attardions, pour nos assauts de toupies et nos matches de cannettes (nom donné là-bas aux billes) dans la petite cour de la conciergerie, dépendance du portier Kermaho. Cet estimable fonctionnaire y tenait boutique volante de sucreries et, moyennant l’acquisition d’une tablette de chocolat ou d’un bâton de sucre d’orge, il tolérait notre présence sur ses domaines. Justement nous étions engagés, Bobinet, Phulup, Tossel, Peusaint, Le Dentu et moi, dans une absorbante partie de cannettes qui nous avait à peu près fait oublier l’aventure de la bernache. Et il est vrai que tous nos efforts individuels ou collectifs pour obtenir de Bobinet quelques éclaircissements sur cette mystérieuse aventure avaient complètement échoué jusque-là : Bobinet demeurait fermé à toutes les sollicitations. De guerre lasse, nous avions repris nos jeux habituels ; mais, après que Prosper eut traversé nos rangs, il se fit un nouvel