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essuyé sans broncher cette terrible mercuriale. Celle de ses mains qui serrait le volatile n’avait pas quitté son dos. Un spasme plus violent convulsa la bête ; ses pattes ramèrent dans le vide et son bec safrané, après une dernière tentative d’aspiration, aussi vaine que les précédentes, retomba mélancoliquement sur le poing fermé de Bobinet.

— M’as-tu entendu, gredin, hurla Prosper, ou s’il faut que mes béquilles te montrent le chemin du « rond » ?

Pour toute réponse, Bobinet découvrit son trophée et le déposa sur le bureau de Prosper.

— Hé ! là ! Quoi ! Qu’est-ce ?

— Une oie.

— Tu as attrapé une oie ? bredouilla Prosper au comble de l’ahurissement.

— Oui, M’sieur. Et vous voyez que je ne me moquais pas de vous naguère avec mes bernaches, puisque en voici une et qui est encore toute chaude.

— Toute chaude, positivement, répéta Prosper qui ne put résister au plaisir de tâter la bête et de lui souffler sur les plumes pour admirer sa blancheur onctueuse. Mais, dis-moi, Bobinet, es-tu sûr que ce soit une oie sauvage ?

— Si j’en suis sûr ! Depuis quand, M’sieur, les oies domestiques volent-elles par bandes au-dessus des maisons ? Je vous disais bien que la passée continuerait. Le ciel était tout noir, tellement il y en avait !

— C’est prodigieux… Mais tu te connais mieux qu’homme du monde en zoologie. Bobinet, Pline