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où il eût refusé de le laisser sortir, quelque algarade de sa façon, et, entre deux maux, se décidait pour le moindre. Quant à Bobinet, il était parvenu à ses fins, savoir : d’éviter les affres du « rond ». Le moyen qu’il avait choisi pour éluder cette punition infamante n’était sans doute ni très relevé ni très original, mais la suite le fut beaucoup plus, comme on s’en apercevra.

Les cinq minutes de grâce accordées à Bobinet pour la pacification de ses entrailles étaient depuis longtemps écoulées et Bobinet ne reparaissait pas. Prosper commençait à s’impatienter : visiblement un orage s’amoncelait sous la broussaille de ses sourcils ; il reniflait fortement, tracassait ses béquilles posées aux deux côtés de sa chaire, et c’étaient des signes auxquels il n’était pas permis de se méprendre. Mais un de nous suggéra que Bobinet était réellement malade peut-être, que les coliques de miséréré procédaient souvent avec cette impétuosité foudroyante et qu’il serait inhumain et à tout le moins imprudent d’abandonner à son sort notre infortuné camarade. Prosper acquiesça au conseil et il allait dépêcher vers le prétendu moribond un des élèves de la classe, quand la porte s’ouvrit tout à trac et l’on vit entrer en coup de vent un Bobinet essoufflé, rouge, couvert de poussière, les vêtements en désordre et dont toute l’attitude témoignait d’une lutte acharnée et récente contre un mystérieux adversaire.

Lequel ?