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C’est trop fort ! Il faut que je te donne quarante sous pour que tu t’acquittes de la plus élémentaire des politesses !…

— Mettons trente-cinq sous. Monsieur Prosper… Mais je vous assure que je ne puis le faire à moins et j’y perdrai autrement.

— Je ne te donnerai pas un sesterce, pas un as, bandit, scélérat, simoniaque, carnifex, leno, sporcissime omnium hominum ! Et cette fois, si tu me forces encore à faire courir après toi, je te casse mes béquilles sur les épaules… A-t-on jamais vu une effronterie pareille : vouloir que je le paye pour fermer sa porte !…

— Eh bien. Monsieur, je descendrai jusqu’à trente sous pour ne pas vous désobliger… J’y serai de ma poche assurément… Car il faudra aussi remplacer les boutons qui sont en mauvais état.

— Remplace les boutons ou ne les remplace pas, hurla Prosper, qui crut qu’il s’agissait des boutons de la porte. C’est l’affaire de l’administration et non la mienne. Tu n’auras pas un rouge liard de moi !…

Mon Dieu ! Que la figure de Bobinet, l’expression extasiée, séraphique, paradisiaque, de ses traits était à voir au cours de cette scène ! Comme le bandit jouissait de son ouvrage ! Et il est vrai que l’indignation de Prosper à la pensée que Kermaho put réclamer quarante sous pour fermer la porte de la classe nous semblait à tous de la plus intense bouffonnerie.