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Custos, Claude portam ! vociférait-il de toute la force de ses poumons.

Mais Kermaho, quoi qu’en pensât Prosper, n’entendait point le latin plus que le français et, de son petit pas de souris, la main derrière le dos, il s’en allait, la conscience tranquille, et pénétrait en trottinant dans une autre classe dont il ne fermait pas mieux la porte. Après quoi, il retournait à sa loge et à son établi, car il était tailleur à façon en même temps que concierge et tirait l’aiguille quand il avait fini de tirer le cordon. On dit à Lannion des gens qui sont affligés du défaut de Kermaho qu’ « on voit bien qu’ils n’ont pas été à Paris. » Prosper estimait simplement que Kermaho jouait la comédie et forçait tout exprès les gens à hausser le diapason pour les persuader de sa surdité. Souvent il nous faisait courir après le bonhomme pour l’obliger à revenir sur ses pas et à fermer la porte. Un jour qu’il avait ainsi lancé Robinet aux trousses de Kermaho, l’effronté garnement imagina de conter à sa dupe je ne sais quelle histoire de raccommodage dont le carrik de Prosper, entamé à deux endroits, avait effectivement un assez pressant besoin. Le bonhomme rentra aussitôt dans la classe, et, après un coup d’œil à la houppelande, qui lui suffit pour mesurer l’étendue des deux brèches :

— En conscience, Monsieur, je ne puis vous faire cela pour moins de quarante sous.

— Ah ! par exemple, s’écria Prosper, à cent lieues de songer qu’il s’agissait de son carrik…