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mande. Quand le pot aux roses fut découvert, notre homme se défendit comme un beau diable et jura que c’était par pur patriotisme qu’il avait planté là sa Poméranienne, n’entendant point associer plus longtemps ses jours à ceux d’une compatriote de l’affreux Bismark.

Le plus bizarre est qu’il trouva un jury pour lui donner raison ; mais Wouvermann perdit son cours de solfège et dut émigrer vers des cieux plus cléments. Il oublia en partant sa seconde femme ou peut-être qu’il la laissa en gage à ses créanciers : elle était assez bonnasse pour donner dans le godan. Sa naïveté passait toute imagination. Dans les premiers temps, Wouvermann se contentait de susurrer :

— Uchénie, tu ferais mieux dé té taire ; tu né dis que des pétises !…

Mais, à un dîner de Noël, elle demanda candidement à Madame Lefur l’adresse du charcutier qui lui fournissait ses andouilles. Madame Calvé faillit s’étrangler ; M. Limon toussa fortement ; Madame Lefur devint rouge, et les autres convives, à l’exception de Madame Roisnel, baissèrent le nez dans leur assiette. De fait, tout le monde savait à Lannion d’où venaient les andouilles de M. le Principal et qu’elles étaient prélevées par Madame Lefur sur les provisions de bouche des « pétras » ou pensionnaires à demi-tarif.

Les pensionnaires de cette sorte se distinguaient des pensionnaires à tarif plein en ce que l’admi-