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René : c’est l’épingle dont se sert Françoise pour attacher sa guimpe.

— Et vous n’en prenez pas quelque ombrage ? demanda la régente.

— J’en pourrais prendre, dit René, si je croyais que ce fût un cadeau de Françoise à M. de Saint-Phar. Mais les épingles sont sujettes à choir, à se perdre et à se retrouver.

Huit jours passèrent encore. Il arriva au Louvre un troisième messager, avec un troisième sachet dont l’envoyeur était le comte de Bruc et qui contenait une boucle de cheveux blonds, d’un blond si fin, si doré, que le cœur de René sauta dans sa poitrine et que ses yeux se mouillèrent soudain : s’emparant de la boucle, il la porta vivement à ses lèvres, la baisa, puis la respira et la baisa encore.

— Ce sont bien des cheveux de Françoise, dit-il. Elle seule dans la province a des cheveux de cette nuance et de cette souplesse. Le peigne se fatigue à les retenir. Quand elle les dénoue, ils coulent jusqu’à ses hanches. O cheveux de ma mie, puissé-je bientôt vous respirer et vous baiser à l’aise !

— Oui da ! Mais en attendant un autre les respire et les baise pour vous, dit la régente avec une joie maligne,

— Non ! dit René. Il suffit qu’une chambrière infidèle ait coupé cette boucle à Françoise pendant son sommeil et l’ait baillée contre argent à M. de Bruc. Je châtierai cette félone à mon retour.