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huit jours d’intervalle, pour ne point donner l’éveil à Françoise et révéler leur entente.

Tous quatre cependant firent route de compagnie jusqu’à Morlaix, où trois d’entre eux s’allèrent loger au Chapeau rouge et le quatrième, que désigna le sort, poussa droit à Kerjean. René demeura au Louvre, moins en hôte qu’en prisonnier. Mais son humeur ne s’en ressentit point ; il opposait à tous les regards un front calme et des yeux où ne se lisait aucune contrainte. Et cette assurance ne fut point ébranlée si peu que ce fût par l’arrivée d’un messager qui remit à la régente, de la part du vidame de Bombelles, un sachet qu’elle était priée d’ouvrir devant René. Le sachet ouvert, on vit qu’il contenait un ruban, — un joli ruban de soie bleue pareil à ceux dont Françoise avait coutume de serrer ses cheveux blonds, le soir, en se couchant.

— Oh ! oh ! fit la régente. Voilà un ruban qui en dit long sur les progrès de M. de Bombelles et, à votre place, Monsieur de Kerjean, je n’aurais pas l’esprit en repos.

— Il y a des rubans de soie bleue ailleurs qu’à Kerjean, répondit seulement René.

Mais, une semaine plus tard, il arriva au Louvre un second messager qui venait de la part du chevalier de Saint-Phar et qui apportait un nouveau sachet. La régente l’ouvrit comme le premier devant René et en tira une épingle d’or.

— Je la reconnais, dit sans qu’on l’en pressât