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— Au contraire, petits, il faudra recommencer…

— Monsieur !… interrompit Job, qui pensa que son maître n’avait plus sa présence d’esprit.

— Paix là ! dit le bonhomme… Il faudra recommencer, petits… Seulement, cette fois, vous ne me piperez plus et vous ne viendrez me crier : « Henri V est arrivé » que quand vous serez bien assurés du fait…

— Oui, oui, dîmes-nous avec empressement.

— Attendez ! Je n’ai pas fini, continua le bonhomme… Je ne vous ai pas dit où il faudra me porter la nouvelle…

— Où vous voudrez, Monsieur Piphanic…

— Bien répondu, petits… Oh ! ce n’est pas très loin d’ici… Vous n’aurez pas tant de chemin à faire que pour grimper à Kerampont… Et vous reconnaîtrez facilement l’endroit : c’est au cimetière Saint-Nicolas, deuxième allée à gauche, si l’on a respecté les anciennes dispositions, un caveau de famille au nom des Rousselot… J’y ai conduit, voilà quelque soixante ans, ma défunte mère Fanchon… La bonne femme me fera bien une petite place pour dormir à son côté…

Au cimetière !… Un caveau !… Nous ouvrions des yeux épouvantés… Évidemment Piphanic délirait.

— C’est bien entendu ? dit le vieillard. Vous avez bien compris ?… On trompe un pauvre vivant ridicule comme le bonhomme Piphanic : on ne se joue pas d’un mort… Petits, M. de Voltaire n’était