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coin où je me tenais tapi, j’en avais assez entendu et je respirai de telle sorte, avec une si bruyante expression de contentement, que j’attirai l’attention du vieux Job. Il parut s’apercevoir en même temps de la présence de Bobinet.

— Satanés gamins… Jusqu’ici !… Voulez-vous bien déguerpir… C’est vous qui êtes cause de tout avec vos bêtes de cris…

— Job ! dit une voix grêle.

— Monsieur…

— Ne brutalise pas ces enfants… Laisse-les approcher…

Nous n’en croyions pas nos oreilles, Bobinet et moi.

— Approchez donc ! tonna l’avocat Rivoalan.

Au vrai, je tremblais de tous mes membres, et Bobinet, en dépit des grimaces auxquelles il s’ingéniait, ne paraissait pas plus rassuré… Nous obéîmes pourtant… Le vieillard nous regarda l’un après l’autre…

— Petits, nous dit-il, je vous remets… C’est vous, d’autres aussi, n’est-ce pas ?… qui veniez me crier par-dessus mon mur : « Henri V est arrivé ?

— Oui, Monsieur Piphanic, avouâmes-nous en rougissant…

— Et Henri V n’est pas « arrivé », continua le bonhomme… Le drapeau blanc du Baly n’était qu’une attrape… Vous m’avez pipé, petits…

— Nous ne le ferons plus, Monsieur Piphanic, déclarai-je dans toute la sincérité de mon âme.