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pointe. Dans un mois j’irai les retrouver et nous ferons nos comptes.

— Gardez que ce ne soit là une imprudente requête, Monsieur de Kerjean !

— Elle n’est imprudente que pour ces quatre seigneurs, Madame.

— Tant d’assurance me décide et j’autorise la gageure. Que pariez-vous, Messieurs ?

— Mon plus beau cheval, dit Belz.

— Ce diamant, dit Bruc.

— Les trente muids de ma dernière récolte, dit Saint-Phar.

— Mille écus, dit Bombelles.

— Et vous, Monsieur de Kerjean ?

— Tout mon bien. Madame.

— Y pensez-vous ? C’est trop et les enjeux ne sont pas proportionnés.

— Que Votre Majesté me pardonne : ils ne pouvaient pas l’être. Ces Messieurs ne jouent que leur réputation et il me plaît de reconnaître qu’ils n’en exagèrent pas la valeur : tel fixe la sienne à mille écus et tel au prix d’un beau cheval ou de trente muids de vin. Moi je joue ce qui m’est plus cher que la vie et je reste fort en deçà de son vrai prix, quand je l’estime seulement égal à tout mon bien.


III

Il avait été convenu entre nos quatre muguets qu’ils se présenteraient séparément à Kerjean et à