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« Eh ! eh ! semblait-il dire, du macouba, mes enfants, du vrai macouba comme on n’en vend pas à vos parents sous la 3e…, du macouba de ma provision de 1829… À vos souhaits, mes amis ! »

Ce dernier geste nous paraissait souverainement bouffon et nous ne manquions jamais de l’appuyer d’un : « Dieu vous bénisse ! » poussé en chœur et qui était, comme le reste, de l’invention d’Yves-Marie Bobinet.

Volontiers, quand nous serons de loisir, je vous conterai par le menu la Vie édifiante de cet Yves-Marie Bobinet, polisson notoire, s’il en fût, terreur des béguines et des vieux célibataires, et qui couvait toujours quelque farce inédite sous le bonnet en peau de lapin dont il était perpétuellement affublé.

Rouge de poil, la figure criblée de taches de rousseur, le nez en trompette, les yeux à l’affût sous une broussaille de sourcils fauves, Bobinet avait le talent de nous faire pouffer jusque dans l’église par les grimaces inconvenantes dont il accompagnait le service de la messe. Car il était enfant de chœur, s’il vous plaît, et je présume qu’il devait beaucoup moins cet honneur à l’onction de ses manières qu’à la force de la tradition et à l’honorabilité personnelle de ses ascendants.

De père en fils, les Bobinet se succédaient comme sacristains et sonneurs de cloche à Saint-Jean du-Baly. Un Bobinet figure déjà, « pour quatre journées à l’oratoire », dans un compte de fabrique de 1762. Yves-Marie, de toute évidence,