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tions sur les déclinatoires de compétence et recourut-il aux procédures les plus compliquées : un jugement intervint qui, pour cause d’utilité publique, l’expropriait de la partie de son domaine nécessaire à la construction de la nouvelle route ; celle-ci coupait le parc en deux, bouleversait les avenues, écornait jusqu’au boulingrin de la terrasse ; le pavillon, veuf des beaux massifs qui gardaient ses approches, apparut pour la première fois au grand jour et non sans faire quelque peu scandale, s’il faut dire, près des personnes bien pensantes de la localité, par le gracieux érotisme de son tympan que soulignait encore la devise empruntée à Catulle : sit nostrœ sedes — ou segesosculationis (les épigraphistes n’étaient point d’accord sur la lettre médiane du troisième mot, à demi effacée et qui pouvait être une intention du transcripteur, si la prosodie demandait seges, sedes convenant mieux au sens).

Piphanic, quoi qu’en eût dit Brigitte, ne mourut pas du coup qui lui avait été porté. Mais peut-être que son amour de la troisième République n’en fut pas fortifié et qu’il en crédita le régime d’un grief de plus, dont le règlement pouvait être avantageusement différé jusqu’au retour des Bourbons.

Cette pensée lui rendit moins pénible sans doute la violation du petit coin de nature qui faisait tout son univers depuis quarante ans. Les conséquences de l’expropriation qui l’avait frappé devaient pourtant retentir sur sa vie plus profondément qu’il ne pensait. S’il n’y avait perdu que