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ne pouvait échapper à un épicurien comme le duc d’Aiguillon, disciple de Rousseau et grand ami de la nature, est qu’elle permettait à une personne placée sur la terrasse de ne pas perdre un détail du beau panorama qui se déroulait à ses pieds et, nonobstant, qu’elle l’assurait contre toute indiscrétion du dehors par l’étranglement graduel des avenues qui ne laissait rien saisir du pavillon lui-même.

On conçoit assez que Piphanic se montrât fort jaloux de conserver une telle disposition qui le jetait, pour ainsi dire, au plein cœur de la ville, tout en l’abritant des curiosités du populaire, et il n’est pas besoin d’invoquer, comme je l’ai entendu faire depuis, des raisons de sentiment tirées de sa prétendue ressemblance avec le duc d’Aiguillon, bien qu’il soit constant que sa mère, la belle Fanchon Rousselot, femme d’un échevin de la localité, n’ait point opposé la barrière d’une vertu intraitable aux galantes entreprises de cet ancien gouverneur de Bretagne, lequel s’était fait dresser un état de tous les jolis minois de son gouvernement et tenait Lannion en particulière estime pour le grand nombre et la fine qualité d’iceux.

Non plus que du chevau-léger de la monarchie qu’il avait été sous la Restauration, Piphanic, à l’âge où je l’ai connu, n’avait figure d’un enfant de l’amour.

Ce qui n’avait pas changé en lui, c’était sa constance et son entêtement légendaires. Mais vainement, dans le cas présent, entassa-t-il les assigna-