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seule dans Brest, sans conseil, sans appui, M. de Sonil frissonnait. De tout ce long débat de conscience, ce qui sortit fut une reprise des relations entre l’officier et sa mère, à qui Xavier exposa la cruauté de sa situation et qui, plus soucieuse sans doute de l’honneur de son fils que de son propre ressentiment, consentit sous certaines conditions à recevoir Jennie et à veiller sur elle pendant la durée de la campagne.

« Xavier, qui n’avait point averti Jennie de sa démarche, par crainte d’un échec, s’empressa de la lui annoncer dès qu’il en connut l’heureux résultat. Il lui fit part des conditions que mettait la douairière à son séjour dans la Théologale et qui étaient qu’elle ne changerait rien à la vie qu’on y menait et à laquelle il lui faudrait elle-même se plier strictement. La pauvre enfant était si abattue qu’elle accepta tout sans discuter. Quand Xavier l’eut remise à sa mère et qu’arriva l’heure de la séparation, Jennie voulut accompagner son mari à la gare, qui est située hors des murs. Cette consolation lui fut refusée.

« — Cela ne serait pas convenable, dit la douairière. Nous ne devons pas nous donner en spectacle aux gens, ma bru, et, de la tour, vous pourrez faire vos adieux à mon fils.

« Jennie n’avait qu’à se soumettre, comme M. de Sonil. Tandis que celui-ci gagnait à pied la gare, elle se tint à la fenêtre que tu vois. Arrivé à l’endroit où le chemin fait un coude, Xavier se retourna une dernière fois et fit signe à Jennie d’ôter le