Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gés. René s’arracha en soupirant à la magie de ce beau décor familier. Comme il franchissait le portique de la première enceinte, où deux lions en pierre rouge de Ploumanach soutenaient un écusson aux armes des Barbier, il aperçut quatre corbeaux qui volaient de concert dans la direction de Kerjean et qui, après avoir tournoyé au-dessus de sa tête, se perchèrent sur l’écusson et y demeurèrent immobiles.

« Voilà de hardis coquins, pensa René. Si je ne connaissais Françoise et que je crusse aux présages, je ne pousserais pas plus avant. Portez-vous bien, Messieurs les corbeaux !…»


II

Cependant, quand elle apprit que le sire de Kerjean n’était pas accompagné de sa femme, la régente conçut un vif mécontentement, et son humeur vindicative et jalouse, qui tournait en injures personnelles les actions les plus innocentes, lui inspira d’intéresser à sa vengeance un brelan de mauvais sujets, grands coureurs de ruelles et d’aventures, le marquis de Belz, le comte de Bruc, le chevalier de Saint-Phar et le vidame de Bombelles.

Pour les piquer au jeu, elle demanda devant eux à René s’il se faisait une si fâcheuse idée de la Cour qu’il crût que l’honneur de Madame de Kerjean n’y pût être en sûreté. René protesta n’avoir