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lui sauver la vue… Le malheureux ! Mais j’avais lu dans le Petit Phare que quelque espoir de guérison demeurait, que la sclérotique seule était atteinte. M. de Sonil n’a donc pas consulté ?

— Non… Du moins, depuis son retour à Guérande.

— C’est singulier. Pourquoi ?

— Probablement parce que cela n’eût servi de rien. Et pour une autre raison, plus mystérieuse, mais que je soupçonne…

— Laquelle ?

— Sortons d’abord. Quand nous serons sur le Mail, je te raconterai ce que je sais, ce qui est de tradition courante dans toute la région au sujet de la jeune marquise et de sa belle-mère et qui t’expliquera peut-être, comme à moi, l’étrange détermination de M. de Sonil.


II


Le Mail guérandais !

Il y a des mails ailleurs qu’à Guérande ; mais ce mail-ci n’a point son égal au monde et c’est bien le chef-d’œuvre du genre que cette haute « levée » circulaire, plantée d’ormes magnifiques, qui commande sur l’un de ses côtés la grise étendue des salines, le morne et solitaire infini paludier. Sahara marin hérissé de centaines de cônes neigeux pareils à des tentes de nomades, et qui, de