Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.


JENNIE LE HUÉDÉ




À Henri Clouard.


I


Sauf le cimetière de Lanrivoaré, dont les sept mille sept cent septante et sept paroissiens sont tous saints du premier au dernier, je ne connais pas de cimetière plus étrange que celui de Guérande, dans la Loire-Inférieure. On dirait que tout l’armorial breton s’est donné rendez-vous céans. Le long du mur d’enceinte particulièrement, bordé cependant de dalles de schiste très simples et quelques-unes même sans clôture, ce n’est qu’un défilé de vieux noms historiques, les de Rieux, de Carné, de Chavagnes, de Pellan, de Sourzac, de Courson, de Kercado, etc., mêlés à d’autres noms moins illustres, comme les Robin du Parc, les Le Chauff de Kergu, les Martin de la Moulte, les Tourgouilhet du Martray, les Rado du Matz, qui évoquent les fastes judiciaires de l’antique « capitale du sel » et le temps où deux villes et soixante-treize juridictions hautes, moyennes et basses, ressortissaient à sa sénéchaussée royale.

Comme je me penchais pour déchiffrer la devise