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tion était de retour et avait attiré à la Clarté la même affluence qu’à l’ordinaire. Je me souviens que les vêpres touchaient à leur fin, quand l’attention des pèlerins fut distraite par un événement singulier. On chuchotait ; on se montrait quelqu’un qui entrait dans l’église. Je me retournai comme tout le monde, et qui est-ce que j’aperçus ? Marie-Reine, mon fils, Marie-Reine, pieds nus sur le seuil du grand portail, un cierge de pénitente à la main, et qui venait demander publiquement pardon à Notre-Dame de la Clarté de l’offense qu’elle lui avait faite. Elle était venue ainsi, toute seule, de la rade, de plus d’une lieue, elle, si faible et si tendre !

« Mais elle avait trop présumé de ses forces. Elle tomba évanouie dès le seuil et, le capuchon de son manteau de veuve s’étant rabattu dans sa chute, nous fûmes près de pleurer en voyant qu’elle n’avait plus de cheveux. Elle les avait coupés avant de venir ; on les trouva par terre, enveloppés dans un mouchoir de batiste, et on les porta sur l’autel de la Vierge. C’était l’offrande expiatoire de sa beauté en même temps que le gage du dernier sacrifice qui lui restait à consommer : le lendemain, on apprit qu’elle était partie pour Morlaix au couvent des Carmélites. »

Perrine Guillou s’arrêta. Sur notre gauche, une petite route de traverse s’enfonçait vers la vallée,