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péchés du prochain que pour implorer en sa faveur la miséricorde divine ; dans le mal comme dans le bien, la communauté chrétienne est solidaire de chacun de ses membres. C’est pourquoi nous allons réciter ensemble le psaume de la pénitence : Domine, ne in furore…, puis la procession sortira de l’église. »

« Pas un murmure ne s’éleva de la foule. Nous tombâmes tous à genoux, jusqu’à la fin du psaume, et nous priâmes d’un cœur fervent. L’assurance du recteur s’était communiquée aux assistants ; les cloches avaient repris leur volée pour annoncer la procession. Nous sortîmes avec elle : il ne restait plus trace de l’orage au dehors, où trois mille pèlerins et curieux, qui n’avaient pu trouver place dans l’église, couvraient les chemins, les talus, les roches et jusqu’aux toits des maisons… La croix paroissiale ouvrait la marche : une longue file de bannières et d’oriflammes se déroulait à sa suite ; la musique du petit séminaire de Tréguier était venue spécialement pour la cérémonie, ainsi que des marins de l’État, en grand costume, qui portaient sur leurs épaules des navires pavoises, des agrès et des rames. Mais tous les yeux des pèlerins se dirigeaient instinctivement vers les statues désignées pour prendre place dans le cortège et qui, dominant la foule de toute leur hauteur, semblaient glisser sur cette mer humaine comme autrefois Jésus sur la mer de Tibériade.