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mauvais regards soupçonneux. Mais la plus accablée de toutes était, sans contredit, Marie-Reine. Elle avait l’air d’une morte et ses regards, à elle, restaient obstinément fixés sur la terre. Elle ne les relevait sur aucune de ses compagnes. C’est ce qui fit, sans doute, que les soupçons se réunirent contre elle et la pressèrent de tous les côtés à la fois. L’orage continuait. Une pluie serrée, mêlée de grêle et d’éclairs, battait le placitre ; si l’on n’avisait au plus tôt, la procession ne pourrait sortir de l’église.

« C’est à ce moment que le recteur intervint ; il avait assisté, sans dire mot, à la scène que je viens de te raconter. Il avait vu les regards des sept jeunes filles se rassembler peu à peu sur Marie-Reine, affaissée dans une stalle du banc d’œuvre, et il comprit qu’elles s’accordaient pour l’accuser. Il s’avança au milieu d’elles, toucha Marie-Reine à l’épaule et lui dit doucement : « Suivez-moi, ma fille. « J’étais près de là. Non, ni moi ni personne de l’assistance, nous n’avons jamais eu devant les yeux une figure plus douloureuse que celle que nous révéla Marie-Reine en se levant. Nous la vîmes se diriger avec le recteur, d’un pas chancelant, vers la sacristie. La porte se referma sur eux. Quand elle se rouvrit, le recteur était seul. Il ne nous laissa pas le temps de faire de longs commentaires sur la disparition de Marie-Reine. « Mes frères, dit-il des marches de l’autel, Notre-Dame de la Clarté nous a signifié ses volontés. Inclinons-nous. Nul ne doit songer aux